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Récit de l'expédition


Entrée dans le massif

Il est 6 heures ; le jour se lève sur le petit village de Ranohira et les premiers rayons du soleil révèlent les couleurs rouge et ocre des remparts de l’Isalo. Situé au sud-ouest de la grande île de Madagascar, ce massif ruiniforme, véritable citadelle de grès, domine le vaste plateau de l’Horombe. Entourés par les porteurs, nous examinons une dernière fois l’itinéraire concocté avec Alfred. Guide émérite, Il nous aidera à la découverte des profonds et mystérieux canyons qui percent le massif. Notre insolite projet met le village en effervescence. Enfin, transportant une cargaison de provisions (120 kg de riz, des poulets vivants,…) ainsi que notre « énigmatique » matériel de canyoning, la colonne des porteurs se met en route.

 

 

 


Le matin au Bivouac de Namaza


Nous pénétrons alors l’univers de l’étrange : formes inquiétantes, rochers hérissés, vertigineux précipices. Spectaculaire décor sculpté par l’eau et le vent. Seule une frêle végétation résiste dans cet univers minéral. Ce paysage lunaire laisse perplexe : y a-t-il de l’eau ? Nous ne tarderons pas à la trouver. Après un bivouac aux abords d’une petite source, nous suivons le petit cours d’eau encombré d’une végétation de plus en plus dense. Troublants contrastes. Nous atteignons le collecteur, profonde gorge où l’eau abonde. Il s’y développe une végétation tropicale, luxuriante. Plus loin les parois du canyon se resserre et nous plonge dans un univers minéral. La rivière semble disparaître ; elle se faufile, en réalité, dans un passage souterrain de quelques dizaines de mètres. L’obscurité des lieux offre un refuge visiblement apprécié par de grosses anguilles. La gorge atteint parfois des dimensions exceptionnelles : 60 cm de large pour une quarantaine de mètres de haut. La rivière Namaza ainsi que ses nombreux affluents ont creusé un impressionnant réseau de galeries. Certaines sont même impénétrables. L’expression « spéléologie à ciel ouvert » prend ici tout sont sens. Nous enchaînons, pour finir, quelques sauts dans de superbes bassins verts transparents.

 

 


Cascade à l'amont du canyon des Rats

Motivé par cette première incursion dans les canyons de l’Isalo, nous consultons la carte avec Alfred. De nombreux cours d’eau méritent d’être explorés ; il nous faut faire des choix. Nous descendons quelques ressauts avant de pénétrer dans un passage souterrain. Sous nos pieds, l’eau chute d’une vingtaine de mètres. L’équipement est délicat ; le grès est très friable. La première partie de la descente est effectuée dans l’obscurité. Nous découvrons alors la beauté du canyon des Rats. Après le passage sous une spectaculaire arche naturelle la gorge s’élargit mais gagne en profondeur. Coincée entre deux immenses murailles verticales, colosses de grès rouge, la rivière ondule sagement entre les bancs de sable blanc. La progression est malaisée ; on s’enfonce parfois jusqu’aux cuisses. Mais quel spectacle ! Au milieu du massif la solitude tantôt nous oppresse tantôt nous enivre. Pas d'habitation à des kilomètres à la ronde. Il faut se repérer, ne pas perdre la trace du timide sentier, si peu fréquenté. Des palmiers couverts d’épines perforent la rocaille. Des pitons de grès s’élancent vers le soleil : il leur donne une nouvelle teinte à chaque moment de la journée. Des rapaces tournoient, sans bruit, dans le ciel de la cité fantôme. Seul le bruissement de nos pas sur le sol friable rompt ce silence de mort. Mirage du Colorado.

 

 

 

 


Descente dans le trou de Tevanipolitsy - canyon de Sakamalio

 

 

 

Bientôt, un petit cours d’eau  plonge dans un gouffre. Avec impatience, nous enfilons nos baudriers, pour une descente le long de l’impressionnante paroi. Alfred, notre inséparable guide hésite. Mais sa soif d’exploration vainc finalement son appréhension. Dans cette gorge forestière s’agitent toutes sortes de lémuriens bien intrigués par notre présence.

 

 

 

 

 

 


Canyon d'Amboloando

 

 

 

Les jours nous sont comptés. Il faut se résoudre à quitter l’Isalo après l’exploration d’un dernier canyon. Une cascade, puis une autre très étroite et nous pénétrons dans un étroit corridor : Sombre, aquatique et minéral. Impossible de rebrousser chemin. Seule solution : nager et nager encore, sur plusieurs kilomètres. Les anguilles sont visiblement plus à l'aise que nous. Il fait presque nuit lorsque nous atteignons une zone évasé. La végétation réapparaît. Nous rejoignons le plateau. Instant magique : le soleil se couche sur l’horizon de cette vaste étendue de pierre, désertique.   

 

 

 

 

 

 


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